Le Premier ministre grec Lucas Papademos bute sur les réticences des banques à accepter une forte décote de la dette, et sur le rejet syndical d'une baisse du salaire minimum.
Les trois mois qui viennent sont « exceptionnellement cruciaux » pour l'avenir de la Grèce dans la zone euro, a dit mercredi 4 décembre aux partenaires sociaux Lucas Papademos, le Premier ministre grec.Le risque d'abandon de la monnaie unique s'accroît de jour en jour, au sein d'une Europe toujours sous le feu des marchés. L'ancien patron de la banque centrale hissé à la tête de l'Etat multiplie ces derniers jours les propos alarmistes. « Faute d'un accord sur la réduction des coûts du travail et du financement qui y est lié, la Grèce sera confrontée à un danger immédiat de défaut incontrôlé courant mars », a-t-il déclaré à l'issue de discussions infructueuses avec la puissante centrale syndicale du secteur privé, la GSEE. Encore plus explicite, Pantelis Kapsis, le porte-parole du Premier ministre, avait affirmé précédemment qu‘il fallait « parvenir à signer un accord de financement [avec les bailleurs internationaux et les banques, NDLR]. En cas contraire, nous serons éjectés par les marchés de l'euro ».Le versement d'une tranche de 5 milliards d'euros du premier plan de financement international prévu en décembre est reporté à la fin mars. « Nous ne nous interdisons pas de reporter ces échéances, si jamais les équipes du FMI et de la Commission n'étaient pas satisfaites par leur visite du 16 janvier prochain », précise un officiel européen. Derrière, c'est tout l'échéancier des 37 milliards d'euros qui restent à verser du premier plan d'aide qui est repoussé. En mars, Athènes devra restituer 14,4 milliards d'euros à ses créanciers privés.Le gouvernement est bloqué sur deux fronts essentiels. D'une part, les négociations piétinent avec les créanciers privés en vue d'une décote de la moitié de la valeur nominale des 206 milliards d'euros qu'ils détiennent. Les obstacles sont suffisamment importants pour que Jeffrey Sachs, le chef économiste chez Goldman Sachs, en appelle à la médiation du FMI et de l'Union européenne pour débloquer les tractations entre banques et gouvernement grec. Et ce alors même qu'au FMI des voix se lèvent en faveur d'une décote supérieure à 50 %... Autre problème à résoudre : la confédération syndicale des travailleurs du secteur privé refuse toute nouvelle baisse des salaires. Or Lucas Papademos fait de la réduction du salaire minimum une condition essentielle pour augmenter la compétitivité de l'économie grecque. « Nous devons accepter des sacrifices limités pour prévenir une issue catastrophique », martèle-t-il.
Le Premier ministre est de plus en plus seul, y compris au sein des trois partis qui l'ont fait élire. Les leaders politiques sont déjà en campagne électorale en vue des législatives en avril. Le Pasok se focalise sur la succession de son chef de file démissionnaire, Georges Papandréou, et la Nouvelle Démocratie, donnée gagnante dans les sondages, ne veut pas risquer de perdre des voix en soutenant trop bruyamment les mesures impopulaires du gouvernement.Enfin les choses avancent. Probablement la meilleure solution pour l'Europe comme pour les Grecs
Source: Les Echos
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