"Nous entamons aujourd’hui une petite série de graphiques sur la dette publique de la France.
Observons l’évolution du budget de l’État depuis 1978 :"
I. La tendance générale
"On observe tout d’abord une très nette tendance générale à la baisse des dépenses et des recettes nettes (des transferts aux collectivités locales et à l’Europe) depuis 1993, ayant abouti à une baisse du “périmètre” de l’État de plus de 5 points de PIB en 15 ans.
C’est essentiellement un phénomène dû à la décentralisation, car en parallèle, les dépenses des collectivités locales ont fortement augmenté, comme nous l’avons vu précédemment dans ce billet sur les déficits publics :"
En cumulant les administrations centrales et locales, on a ceci :
Ainsi, globalement, la masse de l’Administration de notre pays est restée globalement stable sur la période, et même depuis 1985.
Rappelons en revanche que les dépenses de Sécurité sociale ont crû, en raison du vieillissement de la population lié au papy-boom, et ce sont elles qui expliquent la hausse régulière des dépenses publiques.
J’insiste sur ce point, car je lis parfois ceci :”Si on n’avait pas baissé les impôts depuis 2001, l’État serait en équilibre.”, sous-entendu “on est endetté à cause de cadeaux fiscaux”. Ce qui est juste, c’est que le déficit actuel a la même valeur que la baisse des recettes de l’État sur la période. Mais il manipulatoire de ne pas expliquer que les recettes en moins pour l’État ont été réaffectées aux collectivités locales, et que nous payons autant d’impôts qu’en 2001, globalement. Si on avait maintenu les impôts au même niveau, il aurait donc fallu augmenter fortement la pression fiscale, ce qui aurait forcément eu un effet récessif, et aurait dégradé les comptes publics.
C’est en général du Canada Dry d’économie d’avancer des phrases du type “si on n’avait pas fait ça, tout irait bien” (ce que j’appelle le “si ma tante en avait”, ou uchronie pour les puristes…), car il y aurait en général eu des conséquences “à ne pas le faire”, conséquences dont on ne parle en général jamais…
Je dis souvent que l’économie, ce n’est pas très compliqué, et que tout le monde peut comprendre, mais cela demande quand même un minimum de réflexion… Soyez donc vigilants aux réflexions trop simplistes !
II. Percevoir l’étendue des dégâts
J’ai repris précédemment la présentation usuelle, représentant le déficit en % du PIB. C’est une facilité, mais elle fausse grandement la perception, et, pour tout dire, n’est pas logique. En effet, cela revient à comparer le déficit de l’État avec la richesse produite par le pays. C’est un peu comme comparer le budget d’un ménage avec le total des revenus de son immeuble… J’ai d’ailleurs repris dans un billet précédent un intéressant article de La Tribune expliquant l’origine de cette présentation, et du fameux critère de Maastricht des 3 %…
Vu comme cela, on comprend bien pourquoi on préfère afficher un dépassement de “3 % du PIB” (qui a peur de 3 % de quelque chose ?) que de 25 % des recettes…
On comprend surtout l’étendue du problème : pour rembourser une année de “petit déficit” à 25 % des recettes, il faut donc revenir à l’équilibre (un effort de 25 % donc) puis dégager un excédent durant de multiples années.
Comme en plus on ne fait rien, et bien c’est 20, 25, 80, 90 % des recettes qui manquent TOUS LES ANS !
C’est bien pour cela que le remboursement de la dette n’est pas seulement impossible, il est devenu inconcevable…
III. La tendance récente
Le premier graphique montrait bien l’impact majeur de la Crise : chute abyssale des recettes, puis, un peu plus tard, explosion des dépenses en raison du plan de relance.
Le phénomène a reflué en 2011 – comme nous l’observons régulièrement dans ce billet sur la trésorerie de l’État.
On peut observer l’impact de la Crise sur les différents postes de dépenses du Budget :
La dette se porte bien – les rentiers vous remercient…
IV. Le déficit de l’État
Nous pouvons zoomer sur le seul déficit de l’État , jusqu’en 2012 (valeur prévisionnelle du Budget 2012) :
On observe toujours bien l’exception de 2009-2010.
Pour être un peu taquin, le même avec la couleur politique, mais aussi, plus intéressant, avec la valeur de la Croissance :
Bien sûr, on pourrait dire “Bouuu Sarkozy”, qui aura beau jeu de répondre “c’est la faute à la Crise”. Mais il est bien plus intéressant de noter l’incroyable parallélisme entre le déficit et la croissance, que je représente ici :
La corrélation est quasi parfaite, à tel point qu’on peut simplement prédire le déficit comme égal au “taux de croissance – 5 %“.
Ce qui démontre, au passage, l’absence totale de corrélation entre la couleur politique et le déficit (les politiques n’ayant bien entendu guère de prise réelle sur la croissance, contrairement à leurs discours)…
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