Les États-Unis connaissent une reprise qui n’est plus contestable, mais reste fragile. Avec 3,5 millions d’emplois créés dans le secteur privé en deux ans, le taux de chômage est maintenant est de 8,3 % après avoir approché 10%. Les demandes des premiers emplois sont revenues au niveau de 2008.
La reprise est encore plus prononcée dans d’autres domaines. Passer de 9 a 12 millions de voitures vendues par rapport à 2009 ne se fait pas sans un retour progressif de la confiance des consommateurs. Il en va de meme pour les ventes des chaines de distribution. Cette évolution ne vise pas seulement les États-Unis mais aussi les biens importés notamment par l’Europe. Ce facteur est essentiel pour les entreprises européennes qui devraient progressivement voir leurs exportations vers les États-Unis reprendre.
Traditionnellement, la reprise économique a été sous estimée par les économistes, tout comme la récession. Pouvons-nous espérer que dans un an, l’effet d’entrainement de l’économie américaine et des pays émergents va permettre une fin de la récession en Europe ?
Plusieurs conditions doivent être remplies pour renforcer cette reprise, mais ce n'est pas une raison pour en douter.
- Le problème immobilier résidentiel doit continuer à se résorber : continue à être lancinant. Pour qu’un ménage américain puisse acheter une maison a un prix moyen, il a besoin de revenus de $ 200.000 contre 100.000 avant l’explosion des crédits subprime. L’accès à la propriété devient des lors plus sélectif, ce qui diminue la demande pour les 2 millions de logements saisis par les banques hypothécaires. On devrait cependant voir les ventes « de détresse » diminuer substantiellement en 2012. 70% des prêts hypothécaires non couverts par les agences gouvernementales sont encore « sous-eau », à savoir plus élevés que la valeur des actifs, même si globalement, le stock de maisons est en baisse d’un million d’unités.
- Les achats de biens de consommation durables, qui sont au plus bas depuis 1979, doivent continuer leur reprise de ces derniers mois. Les ménages hésitent encore à investir.
- Les entreprises doivent reprendre le chemin de l’investissement? Avec 13% d’actifs liquides par rapport à leurs actifs tangibles, les entreprises atteignent un record de liquidités de $ 2.500 milliards. Jamais les investissements dans l’innovation technologique n’ont été aussi bas : les derniers indicateurs font état d’un désinvestissement net. Le secteur des services doit prendre le relais du secteur manufacturier.
- Le déficit budgétaire et l’endettement doivent améliorer : ils sont pris en ciseau. Moins de 10% du budget est vraiment discrétionnaire : le gros des dépenses sont engagées, et seules des mesures drastiques à tous les niveaux de dépenses permettront de diminuer le déficit et de réduire l’endettement. Le blocage politique sur ce sujet durera jusqu'à l’élection présidentielle : quel que soit le résultat de celle-ci une cure d’austérité aux Etats-Unis s’impose.
Il n’est pas question de parader, et les prochains mois seront cruciaux sur le plan politique, économique et social. Mais la croissance de 3% semble atteignable pour les États-Unis pour 2012. Pour le quatrième trimestre de 2011, selon le Bureau of Economic Analysis du gouvernement des États-Unis, la croissance a été de 2,8%.
Face à cette reprise que feront les entreprises et les consommateurs européens ? Les entreprises semblent souffrir de problèmes de financement d’investissements : si les grands groupes peuvent emprunter a moyen terme sur le marché des capitaux, tel n’est pas le cas des entreprises moyennes ou petites qui n’ont pas accès à des financements a taux fixe a moyen terme.
Elles ont aussi besoin d’un signal des consommateurs qui, bombardés de taxes additionnelles comme la TVA sociale en France, risquent de diminuer encore leur consommation prudente, pour ne pas dire restrictive. La consommation, particulièrement des biens durables, est une condition sine qua non de la reprise en Europe d’ici la fin de l’année.
Encore faut-il que les gouvernements, les entreprises et les consommateurs reprennent confiance et fassent confiance aux signes de reprise aux États-Unis comme un encouragement au progrès. C’est un pari qui vaut la peine d’être pris, maintenant que les États-Unis nous précèdent sur ce chemin. C'est le pari de l'emploi.
Source: finance.blog.lemonde.fr
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