Un blog à suivre ..
"Aujourd’hui, début d’une nouvelle série qui traitera des finances de la France…
Nous commençons par une analyse des budgets des administrations publiques. Attention, elle risque de prendre à rebrousse-poils les fausses-certitudes de la droite et de la gauche…
Commençons par la vision agrégée de toutes les administrations publiques :
ou en zoomant pour mieux voir :
On observe une croissance permanente, qui a fini par être cassée en 1995 – les arbres ne montant pas jusqu’au ciel…
On note deux périodes de baisse marquée des dépenses vers 1985 et 1997 – due en grande partie à une croissance forte (le PIB a plus augmenté que les dépenses).
La Crise a eu des effets terribles, le déficit a atteint des niveaux record et peine à redescendre…
Observons la situation des administrations centrales (composées principalement de l’État) :
On observe depuis 1995 une nette tendance à la baisse des recettes et des dépenses. On note que le déficit n’est guère descendu en dessous de 3 % du PIB, soit 15 % à 20 % des recettes…
La Crise a fait s’écrouler les recettes (surtout l’impôt sur les sociétés puis l’impôt sur le revenu), et les “plans de relance” ont temporairement soutenu les dépenses. Nous reviendrons plus longuement sur la situation de l’État.
Observons la situation des administrations locales :
Cette fois, c’est à une hausse continue des budgets que nous assistons. L’État a eu tendance a beaucoup se décharger sur elles dans le cadre de la décentralisation.
Comme elles n’ont plus le droit de voter des budgets en déficit, ceux-ci ont été très limités.
On entend souvent des discours à gauche indiquer que depuis 10 ans, on a des fait de nombreux “cadeaux aux riches” qui ont privé l’État de recettes et alimenté la dette (ce qui est vrai), et que si on revenait au niveau de 2000 (soit 4 points de plus), il n’y aurait plus de déficit – cela semble joli… mais c’est probablement largement faux.
Regroupons déjà les administrations centrales et locales pour l’analyse :
On constate pour le coup une grande stabilité des recettes. L’argent que n’a pas encaissé l’État l’a finalement été par les communes, donc il n’y pas eu macroscopiquement d’argent de retour dans les poches des contribuables.
On voit également au passage le régime de “déficit permanent”, causé par les stupides critères de Maastricht. Si on fait 3 % de déficit pendant 30 ans, il se passe quoi quand on arrive à 100 % de dette ? Si on fait 2,9 % de déficit (= 20 % des recettes !!) et 59 % de dette quand tout va bien, on fait quoi quand tout va mal ? Bien évidemment, il fallait avoir comme critères sains : 0 % de déficit en moyenne, et pas plus de 10 % ou 20 % de dette, à rembourser obligatoirement…
Dans une crise majeure, l’État doit absolument intervenir pour soutenir et relancer l’économie, quitte à faire du déficit. Mais il y a une contrepartie : dès que la crise est terminée, non seulement il ne doit plus faire de déficit, mais il doit encore dégager un excédent (par une augmentation des impôts et/ou une baisse des dépenses) pour rembourser ses dettes. Or, depuis 35 ans, force est de constater que l’État pratique le « Pile je suis en déficit, face je ne suis pas en équilibre ».
Observons enfin la situation des comptes de la Sécurité sociale :
Il y a eu une hausse continue des dépenses de Sécurité sociale.
Et n’en déplaise à l’idéologie de droite, c’est très bien ainsi. Certes, il faut quelques réformes de fond, mais c’est une conséquence directe de l’augmentation de l’espérance de vie de la population, qui vieillit, ce qui signifie plus de dépenses de santé, plus d’invalidités, plus de retraite. Le tout se conjuguant à l’arrivée au papy-boom…
Lecture : on est passé depuis 1946 à 16 actifs pour chaque senior de plus de 75 ans à seulement 6 actifs en 2010
Je ne vois pour ma part pas en quoi il serait regrettable que les dépenses de santé augmentent (c’est de la croissance du PIB comme le reste), alors qu’on guette en permanence de la croissance sur les achats de voiture ou de téléphones mobiles.
Nous avons la chance de vivre de plus en plus vieux, cela a forcément des conséquences, et DOIT obliger à faire des CHOIX de consommation.
Ce qui est scandaleux, c’est qu’on fait croire depuis des années qu’on peut avoir : le bon système de santé, de bonnes retraites, un écran plasma, des voyages, un IPhone, une voiture neuve, etc (NB. : je n’oublie pas les 50 % de la population gagnant moins de 1 500 e qui ne sont évidemment pas la cible de ce discours…). Et ça, désolé, c’est impossible. Il faut rayer les objets inutiles. Et contrairement au discours ambiant, il n’y a aucune raison que ce soient les retraites – socialement et même économiquement, sinon cela fera beaucoup de consommation en moins… Pour ma part, je n’hésiterai pas…
Ce qui est scandaleux, c’est qu’avec un système où les prestations sont fonction de la santé, et les cotisations dépendent de l’évolution de la masse salariale, on n’augmente pas tous les ans un petit peu la CSG pour s’adapter – tout en essayant de réformer le mieux le système. Ce qui obligerait régulièrement à revoir son panier de consommation.
Notre système social n’a aucun problème mortel, il convient simplement de l’adapter à la nouvelle donne démographique – mais ne mentons pas, cela nécessitera des efforts – mais quelle belle récompense que toutes ces années de vie supplémentaires, non ?
En conclusion, on comprend mieux ce qui s’est passé, et qui peut se résumer ainsi :
Malheureusement, au global, la différence a été financée par de la dette, et non pas par de l’impôt, car personne n’a eu le courage de mettre la population face à ses responsabilités, ni de la sensibiliser au bouleversement démographique historique en cours.
- le périmètre de l’État s’est réduit pendant que celui des collectivités locales s’agrandissait, tant par de simples transferts que par de nouvelles interventions (et quelques gaspillages…) ;
- le vieillissement à conduit à l’augmentation continue des besoins de Sécurité sociale.
C’est en cela que le discours sur le “revenons au niveau des recettes d’État de 2000 et tout ira bien” est trompeur, car l’argent “économisé” a été dépensé ailleurs et n’est plus disponible. On peut revenir au niveau de 2000, sans doute le faut-il, mais laisser croire que ceci se fera sans la moindre douleur, ni sans le moindre impact sur l’économie est un pur mensonge…
Alors oui, le financement du vieillissement passe par une baisse du pouvoir d’achat sur les autres postes - mais bien évidemment, au global, le pouvoir d’achat reste le même, la Sécurité sociale n’organise que de simples transferts.
À nous de nous battre pour préserver notre modèle social – mais cela ne passe pas par des manifestations dans la rue, mais bien par des efforts (équitablement répartis en fonction des capacités de chacun) dans notre consommation au quotidien… "
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