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dimanche 13 novembre 2011

Le Fonds Européen est-il une bombe à retardement?

Source et remerciements: finance.blog.lemonde.fr

Les diverses mesures en tout genre qui ont été décidées depuis la création en mai 2009 du FESF ne peuvent dissimuler une réalité inquiétante. Les diverses versions de la fonction du Fonds Européen de Stabilité Financière créent une confusion et une incertitude qui expliquent la difficulté que le FESF a eu de lever 3 milliards d’euros dans de bonnes conditions. Au point d’envisager d’emprunter à court terme en décembre, ce qui n’a aucun sens.
  • En effet, ces capitaux, destinés à l’Irlande,  ont été levés à un taux de 3,59% pour une durée de dix ans.
  • Ce taux est à comparer au rendement des obligations allemandes de même durée qui est de 1,80%.
  • A titre de référence, le rendement français se rapproche du taux de 3,50% alors qu’il y a un mois il était encore de 2,50%. L’écart se creuse entre les deux leaders de l’Eurozone.
  • La Belgique se situe dans la zone dangereuse de 4,47% et son nouveau Gouvernement n’est toujours pas en place : il est à la recherche d’un accord sur le budget 2012.
Cette constatation confirme ce que nous signalions depuis plusieurs mois : les investisseurs ne considèrent plus la France et le FESF comme des signatures de premier ordre, et leur notation AAA ne se traduit pas par des gains de coûts de financement comme les autres pays bénéficiant de cette note.
C’est pour cette raison que l’erreur de Standard & Poor’s sur la diffusion de la note d’abaissement de la note française n’a finalement surpris personne. Et la déclaration de la même agence de notation relative à la note du FESF ne peut cacher que les analyses concluant à la baisse des notations sont déjà dans les cartons. Ceci explique notamment la déclaration du Premier Ministre et futur Président Russe, Vladimir Putin, demandant que la Banque Centrale Europeenne se porte garante des engagements du FESF.
Mais derrière cette réalité de marché, se dessinent des inquiétudes sur la structure même du Fonds. Dans sa forme présente (440 milliards d’euros de capacité de prêts), 37% des garanties sont fournies par des pays qui sont eux-mêmes en difficultés.  Depuis le 21 juillet 2011, le montant de ces garanties a été élevé à 780 milliards d’euros.  L’encours actuel des prêts au Portugal et a l’Irlande atteint 12.5 milliards d’euros. Les prêts à la Grèce ne sont pas octroyés par le FESF.
La hausse du montant de prêts par le FESF décidée le 26 octobre 2011 préoccupe : en effet, même si les projets prévoient des fonds de co-investissement et un mécanisme de garantie, le crédit du FESF est basé sur celui des pays de l’Eurozone selon des quotas agréés entre les 19 Etats concernées. Imaginons que le FESF utilise effectivement la totalité de sa ligne de credit, les garanties des Etats auraient pour conséquence d’alourdir considérablement la dette indirecte des Etats Membres. A un moment où la Belgique cherche péniblement 11 milliards d’euros d’économies et où le Gouvernement Français cherche à ajouter 7 milliards d’économies aux 11 milliards déjà annoncés, le mécanisme des garanties émises par ces Etats les impacterait respectivement pour 15 et 200 milliards. D’ores et déjà, le FESF a fait savoir qu’il souhaitait que l’endettement du Fonds soit inférieur à 1.000 milliards d’euros, ce qui amènerait un effet de levier d’endettement de 4 à 5 fois ses fonds propres.
Même si la Commission Europeenne a décidé de ne pas comptabiliser ces garanties dans les calculs de la dette publique des Etats de l’Eurozone, ce risque est bien réel et pourrait provoquer une spirale de baisse des notations qui, à elle seule, affecterait celle du FESF. La hausse des moyens d’action du FESF est loin d’être inoffensive et ressemble de plus en plus à une bombe à retardement.
Au risque de me faire vilipender à Bruxelles, je pense qu’il devient urgent d’accepter la réalité. Le FESF n’est pas un emprunteur assorti d’une notation AAA. Dans ces conditions, il serait préférable de ne pas se battre pour défendre avec bec et ongles une note qui est de pur prestige puisque le FESF emprunte d’ores et déjà à un niveau équivalant à une notation AA+.
Cessons de nous battre pour des notations dont l’impact s’érode de plus en plus et portons notre attention sur les vrais enjeux : la remise en ordre des finances publiques des pays de l’Eurozone, et ce, de manière durable. Face aux 306 milliards d’euros de dette italienne qui viendront a échéance en 2012, il vaut mieux se doter d’un outil efficace et réaliste.
Mais d’abord et avant tout, définissons de manière durable le rôle et les moyens du FESF.

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