Marseille, où s'ouvre une "base province" de la compagnie aérienne, devient, en ce dimanche 2 octobre, le symbole de cette nouvelle étape d'Air France, qui espère contrer des compagnies comme Ryanair et Easyjet en augmentant la rotation journalière des avions et la productivité des personnels.
Des avions de la compagnie Air France/Image d'archives © ABACA
Pour les salariés d'Air France, c'est la fin d'une époque. Poussée par la concurrence croisée des compagnies "low-cost" et du TGV, la compagnie aérienne a dû repenser toute son organisation afin de réduire ses coûts sur les vols moyen-courrier. Marseille devient, en ce dimanche 2 octobre, le symbole de cette nouvelle étape, en desservant de nouvelles villes et en accueillant du personnel qui n'est plus exclusivement rattaché aux aéroports de Roissy ou d'Orly. Après la cité phocéenne, ce seront Nice et Toulouse qui devraient accueillir à leur tour en 2012 une "base province". Bâle-Mulhouse, Biarritz, Brest, Athènes, Copenhague, Moscou, Beyrouth ou Istanbul : toutes ces destinations sont désormais reliées par des avions fonctionnant avec la nouvelle organisation, adoptée sous la pression de la crise que traverse la compagnie, et malgré les inquiétudes des syndicats.
Le but est de contrer les compagnies comme Ryanair et Easyjet, qui ne cessent de gagner des parts de marché sur le court et moyen courrier. Comment ? Des prix réduits grâce à une rotation journalière plus importante des avions et une productivité accrue des personnels. Le service, lui, restera conforme aux standards de la compagnie. "Nous n'avons pas du tout l'intention d'offrir à bord de ces avions un service low cost", a affirmé Pierre-Henri Gourgeon, directeur général d'Air France. Paiement par carte, enregistrement sur internet, choix du siège, presse, collation ou repas resteront donc gratuits.
"Une vision différente du métier"
"Ce projet est un défi ambitieux car la compagnie a décidé de répondre en interne à une réalité du transport aérien tel qu'il est consommé aujourd'hui par certains passagers", note Jean-Louis Barber, le président du SNPL (pilotes). "D'autres compagnies ont décidé de prendre des parts dans des structures low-cost, comme Lufthansa qui a créé une filiale ou comme Air France l'avait fait pour les charters avec Transavia", poursuit le responsable syndical.
Pour instaurer ce modèle à mi-chemin, la direction a dû faire passer en interne l'idée d'une productivité accrue : horaires plus longs partiellement compensés par une augmentation de salaire. Les jours de repos seront plus nombreux, mais au final le nombre d'heures travaillées par an sera plus élevé. Le principe des nuits en "découché" (escale) disparaît, ce qui constitue "une vision différente du métier" selon un commandant de bord.
Chez les pilotes (4200 salariés), le SNPL (70%) a négocié et signé en juin un accord, finalement approuvé par seulement 55% de ses adhérents. "Les pilotes sont un peu dans l'attente, pèsent le pour et le contre (...), il faut que le projet démontre maintenant sa pertinence", explique Jean-Louis Barber. Chez les hôtesses et stewards (15.000 personnes), le dialogue a été plus difficile au point que début juillet, faute d'accord avec les syndicats, Pierre-Henri Gourgeon annonçait unilatéralement un appel à volontaires. Bronca chez les hôtesses et stewards, jusqu'au dépôt d'un préavis pour quatre jours... du 29 juillet au 1er août. Finalement, les négociations ont repris mais seul l'Unac (CFE-CGC) a approuvé le texte final, les deux autres syndicats représentatifs (Unsa et SNPNC-FO) estimant qu'il actait un recul social. "Je ne partage pas leurs craintes", explique Frank Mikula, responsable Unac, qui estime que "ce qui va conditionner le statut des agents à l'avenir, ce n'est pas tant les conditions de travail au départ de Marseille, mais plutôt la santé de l'entreprise". Au final, la compagnie a trouvé les 200 hôtesses et stewards prêts à être basés à Marseille, avec l'aide de quelques recrutements.
Source: lci.tf1.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire