L'agence de notation fait tomber de A à BBB la note de l'Espagne, avec perspective négative. Motif principal : la situation bancaire du pays. Selon Jean-Claude Juncker, chef de file de l'Eurogroupe, la zone euro se tient prête à venir en aide au secteur bancaire espagnol, si Madrid faisait une demande en ce sens.
"L'agence d'évaluation financière Fitch a abaissé jeudi de trois crans la note de l'Espagne, qui tombe de A à BBB, et l'a assortie d'une perspective négative, signifiant qu'elle pourrait à nouveau dégrader ce pays au cœur de la crise de la dette de la zone euro.Parmi les raisons évoquées par Fitch figure le « coût budgétaire d'une restructuration et d'une recapitalisation du secteur bancaire espagnol », estimé à environ 60 à 100 milliards d'euros par l'agence dans son communiqué. Dans une précédente étude publiée quelques minutes auparavant, Fitch avait évoqué une fourchette de 50 à 100 milliards. Sur la base d'un coût de 60 milliards, la dette publique brute de l'Espagne pourrait exploser à 95% du produit intérieur brut en 2015, explique l'agence dans un communiqué.En outre, « l'Espagne devrait rester en récession jusqu'à la fin de l'année et en 2013, alors que dans sa précédente prévision Fitch s'attendait à ce que son économie bénéficie d'une reprise modérée en 2013 », ajoute-t-elle. La dette publique espagnole est désormais à deux crans d'être considérée comme spéculative.Aider le secteur bancaire espagnol
Selon le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, chef de file de l'Eurogroupe, la zone euro se tient prête à venir en aide au secteur bancaire espagnol, si Madrid faisait une demande en ce sens. « Si jamais l'Espagne demandait d'appuyer son secteur bancaire, cela serait évidemment fait », a t-il affirmé à Bruxelles devant la presse.« Il est trop tôt pour spéculer sur des chiffres », a-t-il estimé, soulignant que pour l'heure, « l'Espagne n'a pas formulé de demande » même si son « secteur bancaire est sous stress ». Pour le reste, « la situation de l'Espagne évolue plutôt bien. Le gouvernement espagnol a pris toutes les mesures de consolidation qu'il fallait prendre », a-t-il ajouté.Interrogé sur la possibilité d'aider directement le secteur bancaire, il a jugé qu'il s'agissait avant tout d' « un problème juridique ». Les Européens réfléchissent aux moyens d'aider l'Espagne et son secteur bancaire, fragilisé par les actifs immobiliers risqués, sans contrepartie touchant la population espagnole, déjà soumise à une rude austérité et touchée par un chômage de masse.. Une idée serait de sauver uniquement les banques à travers l'Etat espagnol qui donnerait ensuite cet argent au Frob, le fonds public d'aide au secteur. Le journal El Economista affirmait jeudi que Berlin accepterait finalement cette solution, ce qui n'a pas été confirmé officiellement.« Nous vivons des jours et des semaines cruciales », a reconnu jeudi soir M. Juncker, avant une série de rendez-vous décisifs pour l'avenir de la zone euro et de l'Union européenne, dont un sommet européen les 28 et 29 juin à Bruxelles.Ce sommet devrait être l'occasion d'aller vers plus d'intégration en Europe et de faire « un saut qualitatif », selon les termes de M. Juncker qui travaille aux côtés de la Commission européenne, du Conseil européen et de la Banque centrale à un grand plan d'ensemble sur l'avenir de l'Europe. Ce plan sera justement présenté fin juin aux 27 dirigeants de l'UE.« Il faudra renforcer nos coordinations de politiques économiques, c'est une lacune du traité de Maastricht, cela n'a pas pu se faire à l'époque. (...) A la sortie de la crise, l'Europe doit être plus forte », a estimé M. Juncker.Autre dossier, et non des moindres, à l'agenda de ce sommet: la croissance, thème qu'a remis sur la table le nouveau président français, François Hollande, en demandant de renégocier le pacte de discipline budgétaire voulu par l'Allemagne, pour y ajouter un volet de croissance.« La question de renégocier le traité ne m'intéresse pas même marginalement. Voyons quel instrument politico-juridique sera le plus à même de transposer la substance sur laquelle on se mettra d'accord », a lancé le Premier ministre luxembourgeois. « A vrai dire, je n'aime pas ces divisions assez artificielles », a-t-il affirmé, avant de rappeler que les trois derniers sommets européens « ont mentionné la croissance à 34 reprises » dans leurs conclusions."
Source: Les Echos.fr
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