"Les ministres des finances de la zone euro se réunissaient ce
jeudi à Luxembourg avec au menu le programme des réformes en Grèce et la
situation des banques espagnoles. L'occasion de faire le point sur
l'Espagne dont la situation semble malheureusement se rapprocher de plus
en plus de celle de la Grèce..."
"La situation de l’Espagne s’aggrave parce
qu’elle emprunte à des taux de plus en plus élevés, cela nous le savons.
Mais il se produit également un autre phénomène qui aggrave la crise
que connaît ce pays, et qui l’entraîne droit vers la situation de la
Grèce : ce sont essentiellement les banques espagnoles qui achètent – à
crédit – la dette émise par Madrid. Il faut bien lire ce passage d’un article des Echos :
«
La taille modeste de l'opération d'aujourd'hui [émission de 2 milliards
d’euros d’obligations à moyen-terme] a permis aux acheteurs domestiques
d'absorber l'offre », explique Nicholas Spiro, directeur de Spiro
Sovereign Strategy. Depuis les injections de liquidités de la
Banque centrale européenne (BCE), les banques domestiques ont pris le
relais des investisseurs étrangers, qui fuient le marché de la dette
publique espagnole.
Les investisseurs
étrangers sont partis, ils ne prêtent plus à l’Espagne, ni d’ailleurs à
ses banques, plombées par la bulle immobilière. Ces dernières n’ont donc
plus accès au marché interbancaire, elles se tournent alors vers la BCE
à qui elles empruntent de l’argent à 1% (le taux directeur de la BCE)
pour acheter de la dette espagnole qui rapporte 4 à 6%. Elles le
font parce que Madrid les oblige à le faire (sinon personne
n’achèterait ses obligations !), et comme le pouvoir soutient les
banques en difficulté, elles ne peuvent pas refuser. Elles le font aussi
parce que c’est rentable (emprunter à 1% et acheter des obligations qui
rapportent 4 à 6%). Cependant ce bénéfice reste minuscule par
rapport à leurs créances immobilières douteuses, mais cela apporte une
amélioration temporaire.
Ce faisant, la quantité
de dette dans le système (BCE-banques espagnoles-Etat espagnol)
augmente, on ne fait ici que gagner du temps. Et les banques espagnoles
remplissent ainsi leur bilan d’obligations espagnoles : quand
l’Espagne devra restructurer sa dette, cela impactera toutes ses
banques, et il faudra – encore – les renflouer ! C’est exactement ce qui
se passe en Grèce en ce moment. Et la situation devient
inextricable car tout le système financier plonge, tandis que l’Etat a
toujours besoin d’émettre des obligations parce que son déficit ne
diminue pas.
L’étape suivante, on la connaît,
c’est le bank run. Les populations se mettent – légitimement – à douter
de la solidité de leurs banques, elles retirent leur argent pour le
placer à l’étranger ou dans des filiales de banques étrangères. Ce
mouvement existe depuis 2011 en Grèce, depuis quelques semaines en
Espagne, et il a pour conséquence d’aggraver – encore – la situation des
banques, qui doivent emprunter encore plus à la BCE…
La
hausse des taux auxquels empruntent les Etats n’est qu’un aspect du
problème de la crise de la zone euro, il se développe également une
gigantesque bulle obligataire qui risque d’éclater un jour ou l’autre."
Source: Atlantico
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