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mardi 10 avril 2012

La masse monétaire de l’Angleterre via O.Berruyer

Rappels sur la monnaie

"Mais rappelons en introduction qu’on réserve le nom de monnaie aux actifs qui présentent deux caractères particuliers :
  • ils sont “liquides”, c’est-à-dire qu’ils peuvent être utilisés instantanément,
  • ils sont “sans risque” de perte ou de gain en capital lorsqu’ils sont mobilisés (c’est-à-dire transformés pour être la contrepartie de l’échange).
Tous les actifs ne sont donc pas de la monnaie et certains le sont plus que d’autres : il y a des degrés dans la “liquidité” et dans le caractère “risqué”.
La monnaie c’est l’ensemble des actifs permettant de se libérer d’une dette, sur un territoire donné, sans délai et sans risque de perte en capital.
Les pouvoirs publics cherchent à mesurer la capacité de dépense des agents de l’économie et pour cela ils définissent des instruments de mesure appelés “agrégats monétaires”, pour suivre l’évolution de la masse monétaire. Ils fonctionnent en poupées russes, par liquidité décroissante. On a en simplifié :
  • un agrégat étroit M1, qu’on peut qualifier de « monnaie », qui regroupe les pièces et les billets en circulation dans le secteur non bancaire ainsi que les dépôts à vue des clients (comptes bancaires) ;
  • un agrégat intermédiaire M2, égal à M1 plus le « crédit à court terme » (essentiellement les comptes sur livrets et les dépôts à court terme – Livrets A, CODEVI, CEL…) ;
  • un agrégat large M3, qu’on peut qualifier de « masse monétaire », égal à M2 plus divers placement monétaires (dépôts à moyen et long terme, sicav monétaires…). Notons que la Fed a cessé de le publier en février 2006, certains y ayant vu le signe d’une volonté de masquer la dangereuse situation d’endettement du pays."

"Soulignons que la différence fondamentale entre M1 et les autres agrégats est que M1 comprend les moyens de paiement utilisables immédiatement (actif parfaitement liquide) alors que les autres agrégats doivent d’abord être transformés pour devenir des moyens de règlements."

Masse monétaire du Royaume-Uni

"Fort de ces définitions, observons l’évolution de la masse monétaire de l’Angleterre :"

  
" ou présentée différemment :"

  
"On observe une nette croissance de la masse monétaire à partir de 2000, à l’époque de “l’argent pas cher” (comme rappelé dans ce billet sur les taux directeurs).
Mais il y a “mieux”. Vous rappelez-vous comme tous les “économistes de cour” se sont déclarés surpris par la Crise financière, expliquant à quel point elle était imprévisible ? Et bien observons le taux annuel d’évolution de la masse monétaire :"

"Rappelons que la masse monétaire est censée devoir augmenter à la même vitesse que le PIB, donc à un taux égal à la somme du “taux de croissance” et du taux d’inflation (à vitesse de circulation constante). Cela représentait pour l’Angleterre 6 % avant la Crise et 5 % actuellement.
Vous ne rêvez pas : fin 2007, la masse monétaire M3 augmentait à un rythme annuel de 16 % – bien loin du taux “croissance + inflation” ! On dénigre souvent la création monétaire par les États, pointant le risque de création incontrôlée via la planche à billets, mais on ne peut pas dire que le secteur privé soit plus sage qu’un État…"

 "Quand on détaille par sous-agrégat, on observe que l’épargne monétaire anglaise a augmenté à un rythme de près de 30 % début 2008…
Ces derniers mois, la masse monétaire anglaise continue à diminuer, à un rythme de -2 % - c’est rarissime et pas bon du tout ! -, ce qui est dramatiquement faible face à un besoin de +5 % (inflation + 5 %, croissance 0 %).
Ceci est possiblement annonciateur d’une récession / déflation dans les prochains mois…"
 Source: les-crises.fr

1 commentaire:

  1. Quand on pense que c’est un des rôles principaux de la banque centrale que de contrôler l’évolution de la mase monétaire, on se demande qui n’a pas fait son travail !

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