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mercredi 8 août 2012

Sombre avenir pour les retraités britanniques

Je vous ai signalé les difficultés de notre Etat impécunieux pour remplir le bas de laine du Fonds de réserve des retraites. Tout au moins, notre système global, même s’il n’est pas équilibré et exige d’autres ajustements que ceux de la loi Raffarin/Douste, tient encore pour l’instant la route.
canalblog1_018La photo ci-jointe nous montre des retraités anglais défilant nus, dans Londres, pour montrer la détresse de leur situation. Le système anglais n’ a rien à voir avec le nôtre, puisqu’il est basé sur un minimum de cotisations de la part des employeurs et employés au système d’Etat, et donc sur des retraites d’Etat servies très faibles (440 euros/mois pour une personne seule et 610 pour un couple).
Les salariés sont donc supposés se préoccuper eux-mêmes de leurs compléments de retraite, en investissant une partie de leur paye dans n’importe quel placement, immobilier, obligations ou actions, seuls ou via des fonds de pension. Le système a bien fonctionné dans les années 1990 avec la hausse de la Bourse d’avant le krach.Toutes sortes de comportements déviants ont été ensuite notés, dans un système où les obligations légales en termes de prudence dans la gestion et de contrôle sont très faibles. Certains gestionnaires ont pris des risques excessifs sur les actions, au détriment de placements plus sûrs, certaines sociétés ont arrêté de cotiser en jugeant que la hausse des actifs des fonds leur permettait de s’en dispenser, et l’Etat lui-même en 1997 (merci, Monsieur Gordon Brown !) a décidé de ponctionner ces fonds de pension de 5 milliards de livres (6,5 milliards d’euros) tous les ans.
Résultat : un certain nombre d’entre eux se sont déclarés en faillite, et leurs adhérents ont vu leurs retraites amputées de retraites complémentaires, qui représentaient un tiers à deux tiers de leur dernier salaire. Retour donc, pour eux, brutalement aux retraites d’Etat plus ou moins améliorées. Ils sont ainsi 85 000, au Royaume-Uni, qui ont essayé d’attirer l’attention sur leur triste sort, de la manière que vous voyez, et se sont adressés au médiateur pour qu’il se fasse l’avocat de leur cause auprès des pouvoirs publics. Tony Blair vient de répondre officiellement que ce n’était "pas au contribuable d’éponger les pertes d’entreprises privées" . Il est vrai que l’impact d’un tel précédent (22 millards d’euros), susceptible d’être suivi de pas mal d’autres, serait tout à fait critique pour le budget.
Ce problème, socialement dramatique, de la faillite de certains fonds de pension mal gérés fait ressortir le problème connu au Royaume-Uni de la faiblesse des retraites face à l’impact de la démographie qui, comme en France, est extrêmement déséquilibrée. Le Royaume-Uni est simplement dans un état d’impréparation face au problème bien plus grand que le nôtre, même si le nôtre est loin d’être parfait. Car les pouvoirs publics, qui se réfugient maintenant derrière le caractère privé de ces fonds, en ont néanmoins fait la promotion dans le public, et en ont bénéficié indirectement par la diminution de la pression que cela mettait sur le système d’Etat, qu’ils étaient censés suppléer. Par ailleurs, l’Etat a oublié dans l’affaire son rôle de police et de contrôle régalien, qui était de s’assurer que la gestion, le niveau de risque pris, le caractère obligatoire des versements des sociétés et salariés et l’équilibre fonds reçus/engagements de retraites étaient la condition indispensable à la viabilité du système.
Le trou des finances des retraites, privées et publiques, en Angleterre est tout à fait considérable, puisqu’il manque 300 millards d’euros pour honorer les engagements actuels de ces fonds. Pour les décennies à venir, ce sont entre 750 et 1050 millards d’euros qui manquent. Sans compter que les jeunes générations, comme toujours insouciantes et qui ne se bousculent pas pour cotiser à des fonds dont ils voient la fragilité, ne se pressent pas pour épargner en vue de leurs propres retraites.
Très gros problème pour nos amis anglais, dont on soupçonnait l’importance, mais dont l’ampleur révélée et chiffrée est ahurissante. L’augmentation des cotisations obligatoires, le report de l’âge de la retraite, et sans doute des régles de conduite strictes pour tous les fonds, semblent inévitables. Il est grand dommage que Monsieur Tony Blair ne s’en soit pas préoccupé beaucoup plus tôt...
Pour mémoire, et pour rassurer mes lecteurs, le montant de la cagnotte que nous sommes censés constituer dans le Fonds de réserve des retraites pour couvrir la période 2030/2040 n’est que de 150 millards d’euros. C’est dire la différence d’ordre de grandeur du problème des retraites entre la France et l’Angleterre.

Source: Agoravox

mardi 10 avril 2012

La masse monétaire de l’Angleterre via O.Berruyer

Rappels sur la monnaie

"Mais rappelons en introduction qu’on réserve le nom de monnaie aux actifs qui présentent deux caractères particuliers :
  • ils sont “liquides”, c’est-à-dire qu’ils peuvent être utilisés instantanément,
  • ils sont “sans risque” de perte ou de gain en capital lorsqu’ils sont mobilisés (c’est-à-dire transformés pour être la contrepartie de l’échange).
Tous les actifs ne sont donc pas de la monnaie et certains le sont plus que d’autres : il y a des degrés dans la “liquidité” et dans le caractère “risqué”.
La monnaie c’est l’ensemble des actifs permettant de se libérer d’une dette, sur un territoire donné, sans délai et sans risque de perte en capital.
Les pouvoirs publics cherchent à mesurer la capacité de dépense des agents de l’économie et pour cela ils définissent des instruments de mesure appelés “agrégats monétaires”, pour suivre l’évolution de la masse monétaire. Ils fonctionnent en poupées russes, par liquidité décroissante. On a en simplifié :
  • un agrégat étroit M1, qu’on peut qualifier de « monnaie », qui regroupe les pièces et les billets en circulation dans le secteur non bancaire ainsi que les dépôts à vue des clients (comptes bancaires) ;
  • un agrégat intermédiaire M2, égal à M1 plus le « crédit à court terme » (essentiellement les comptes sur livrets et les dépôts à court terme – Livrets A, CODEVI, CEL…) ;
  • un agrégat large M3, qu’on peut qualifier de « masse monétaire », égal à M2 plus divers placement monétaires (dépôts à moyen et long terme, sicav monétaires…). Notons que la Fed a cessé de le publier en février 2006, certains y ayant vu le signe d’une volonté de masquer la dangereuse situation d’endettement du pays."

"Soulignons que la différence fondamentale entre M1 et les autres agrégats est que M1 comprend les moyens de paiement utilisables immédiatement (actif parfaitement liquide) alors que les autres agrégats doivent d’abord être transformés pour devenir des moyens de règlements."

Masse monétaire du Royaume-Uni

"Fort de ces définitions, observons l’évolution de la masse monétaire de l’Angleterre :"

  
" ou présentée différemment :"

  
"On observe une nette croissance de la masse monétaire à partir de 2000, à l’époque de “l’argent pas cher” (comme rappelé dans ce billet sur les taux directeurs).
Mais il y a “mieux”. Vous rappelez-vous comme tous les “économistes de cour” se sont déclarés surpris par la Crise financière, expliquant à quel point elle était imprévisible ? Et bien observons le taux annuel d’évolution de la masse monétaire :"

"Rappelons que la masse monétaire est censée devoir augmenter à la même vitesse que le PIB, donc à un taux égal à la somme du “taux de croissance” et du taux d’inflation (à vitesse de circulation constante). Cela représentait pour l’Angleterre 6 % avant la Crise et 5 % actuellement.
Vous ne rêvez pas : fin 2007, la masse monétaire M3 augmentait à un rythme annuel de 16 % – bien loin du taux “croissance + inflation” ! On dénigre souvent la création monétaire par les États, pointant le risque de création incontrôlée via la planche à billets, mais on ne peut pas dire que le secteur privé soit plus sage qu’un État…"

 "Quand on détaille par sous-agrégat, on observe que l’épargne monétaire anglaise a augmenté à un rythme de près de 30 % début 2008…
Ces derniers mois, la masse monétaire anglaise continue à diminuer, à un rythme de -2 % - c’est rarissime et pas bon du tout ! -, ce qui est dramatiquement faible face à un besoin de +5 % (inflation + 5 %, croissance 0 %).
Ceci est possiblement annonciateur d’une récession / déflation dans les prochains mois…"
 Source: les-crises.fr